Le Cadastre de 1840… :

LE MOULIN SAILLANT un établissement fondé au début et disparu à la fin du 19ème siècle.

On sait par la tradition orale qu’il a remplacé le MOULIN de BRUNARD dont il aurait emprunté l’appareillage les meules notamment.

Le fait est que, cet ancien moulin, situé rive droite du Sapet, entre les villages de BRUNARD et le ROUERE, n’était pas d’un accès aisé. Sur chaque flanc de la vallée, un sentier muletier escarpé reliait chacun des hameaux. Le tracé en est encore apparent…

Le MOULIN de BRUNARD était tenu vers 1800 par Claude CHAMBONNIERE et son épouse Catherine CHABANNE, puisque indiqués dans les registres de SAINTNICOLAS Naissance d’une fille, Benoite en 1799 et d’un fils Benoît en 1801 (18 Brumaire AN IX)…

Donc, Catherine CHABANNE était issue d’une longue lignée de meuniers, établis depuis des temps immémoriaux au MOULIN VOIRE… On relève à ce sujet qu’un Mathieu CHABANNE y vient au monde en 1643, des époux Claude CHABANNE et Marie GAY.Notons au passage que cette dernière est l’un des enfants (5 répertoriés) de ce Gay, contemporain de Henri IV et premier du nom, qui, à la fin du XVlèrne siècle s’établit dans le quartier de BONNEFOND, introduisant ce patronyme en Montagne Bourbonnaise.

Quant aux CHABANNE, ils sont originaires bien entendu, du hameau de LA CHABANNE actuel “Fond du Bourg” où existait une grange à Dîmes. Du grain à la farine, de MINOT (mesureur) à Minotier, il n’y a qu’un pas que franchit cette famille, qui jouissait apparemment de la confiance des autorités seigneuriales… La révolution française, amènera d’ailleurs, on le constate sa décrépitude.

Retournons à nos meuniers de BRUNARD pour dire que le ménage retournera au MOULIN VOIRE, puisque en 1810, ils y ont une fille Marie CHAMBONNIERE . . . .laquelle épousera en 1834, Gilbert COTE du village Fayet, Ce ménage sera l’ancêtre de la famille COTE.

Le site du SAILLANT (Sayen) appartenait à Benoît CHAMBONNIERE ne en 1760, frère de Claude et époux de Marie PRESLE de CHAUDAGNE (1772-1808) ; leurs parents étant Benoît CHAMBONNIERE (1727-1801) et Anne LALLIAS (1735-1781) qui sont dits “marchands à la Chabanne”.

Il est certain que ce lieu, où Le ruisseau Sapet cascade à proximité d’un grand chemin fréquenté de SAINT-NICOLAS à LAPRUGNE et au-delà offrait d’intéressantes possibilités qu’on fût tenté d’exploiter

Cet autre Benoît CHAMBONNIERE (3ème du nom) fils et petit fils des précédents (1791-1846) qui est propriétaire en 1840. Il y réside avec son épouse (autre Catherine CHABANNE) (1791-1853) du ROUERE mariage à SAINT-NICOLAS en 1825, et ont au moins 2 fils

Jacques, né en 1826 est dit meunier au moulin Saillant en 1851. Il épouse en 1855 Catherine JURY du ROUERE, fille de Antoine JURY et Marguerite DEGOULANGE, elle même de Claude DEGOULANGE et Catherine GAY cette dernière descendante d’une famille installée au ROUERE d’ancienneté.

Le ménage habite encore le saillant en 1856, lors de la naissance de leur fille Marguerite et il est dit Sabotier. Mais a la naissance d’une deuxième fille, Anne en 1859, il est dit Sabotier au ROUERE…

L’autre fils Antoine, né en 1831, épouse en 1869, Marie GAY du hameau CHAMBONNIERE (de la branche Lamy), il est dit sabotier au bourg. Il décédera en 1905 à SAULZET (03), son fils Henri, né en 1873, étant prêtre en ce lieu.

C’est des DEVAUX que l’on trouve ensuite, meuniers au SAYEN

En 1864 Claude DEVAUX (1826) et Marie ZABEAU (1827) y ont une fille Marie qui épousera 1888 Claude GAILLARD, sabotier né en 1836.

En 1866, naît un fils Gilbert DEVAUX ; ayant fait de mauvaises affaires au moulin, auquel était adjoint une scierie, il décédera vers 1930 sans domicile fixe. Célèbre pour son dire “Ut.. .pas malin, 36 et 4 = 40”… .Ou encore “Buffre ou y a des pleines boges de poules vê la Camiola”. Bon bricoleur, il travaillait de ci, -de là occasionnellement ; c’est ainsi qu’au début 1914, il sciait à la scie ronde chez le père DODIN à scierie de Besbre. Il s’agissait à l’époque de fournir â la mine de RAMILLARD, des débits, tant de boisage de galeries que pour la construction de baraques de chantier.

Saisi soudain par la morosité, aggravée d’un coup de soif, il demande son compte afin de rendre visite au TONIN (Antonin CHAMBONNIERE, dit Tonin CHASSAIN) tailleur,cabaretier, au bourg…

Cependant, le bois pressait et le jeune J.B DODIN, 14 ans, qui jusque-là tirait la planche fut tout heureux de “passer devant”.

Pas pour longtemps, car ayant voulu imiter le chevronné DEVAUX dans une opération dangereuse, il s’y fit rogner 3 doigts de la main droite.

Ce n’était qu’un prélude des bruits de guerre, ayant fait disparaître le vrai ou faux prince égyptien Hibrahim HASSAN, propriétaire ; la mine resta en plan, cependant qu’éclatait la grande guerre, reléguant toute autre activité au second plan.

Quant au Moulin Sayen, dès 1905-1910, il était déjà à l’état de ruines ; celles-ci furent déblayées un peu plus tard, par les nouveaux propriétaires et l’endroit rendu à l’état de pré…

Les bâtiments d’habitation au-dessus du chemin, durent disparaître en premier car aucun souvenir ne subsiste, ni dans la mémoire locale, ni dans l’état des lieux. Sur le plan cadastral de 1840, ils figurent sous la forme d’un rectangle de 7 X 12 m environ.

Le moulin, situé en contrebas du chemin est représenté par 2 bâtiments de 7 X 5 in chacun et à 45 in du gué (toujours actuel) . La chute d’eau animant l’indispensable roue à aubes, était sur la face SUD des bâtiments et rejoignait la rivière par le bief aval, 18 in plus bas.

Extrait BM 1993-1995

Robert Gay