Le vent d’après l’Avent ??? :

C’est pas un beau nom, çà, et commode à s’en rappeler!

Comme je suis le plus “calamiteux” de la commune, ça me revient d’en parler.. .pour une fois que j’arrive en tête…

Et d’abord, c’est pas le vent, mais la “traverse”, et une bonne grosse, bien galopante, miaulant et renversante.., surtout renversante; c’est pas mes sapins qui diront le contraire.

A la météo, ils ont trop parlé de marée noire. On ne se méfiait pas par ici, vu le niveau.., et ben si ! mais c’est de la verte et agrémentée de blanc. D’accord c’est plus propre, mais ça n’attire pas tant les bénévoles.., tout juste s’il s’est amené quelques Benêts, voir… (il y aurait même eu une Bénette aussi).

Ça a commencé à la veillée – elle sont longues de ce temps – et sur le coup de 9 heures crac ! la lumière.., y avait plus que le courant d’air. On s’est couché à la chandelle… gare au Baby-Boom. (Mais ça risque guère dans nos petits pays de par ici).

Les sourds dont je fais partie, dormaient sur leurs deux oreilles; les autres la dressaient, l’oreille; mais ça n’empêchait pas de craquer dans les bois, et de ronfler dans la chaminée.

Le jour venu, c’était plus fait pareil. Tuiles cassées et branches brisées, on ne savait par où passer. Par dessus le marché, et c’est le mieux qui me fait faute, mes petits sentiers si bien tracés: bouchés…

Mais des vents, on en a vu d’autres! celui de 1982 n’était pas mal non plus ! même que c’était le grand vent, celui de devant, bien mélangé avec du soulaire. Il a duré 2 nuits et 1 jour qui était le 6 du mois de novembre, comme ça on a eu le temps de le regarder faire!

Mais tout ça c’est des bricoles, ce que je veux causer c’est de “l’anna dao d’laira” (que les jeunes de moins de 70 ans s’en aillent aux renseignements…)

II y a eu d’abord un vent; lequel ? je sais pas, mais carrément déracinant. Déjà le haut du Sapey est tombé, sapins et fayards mélangés. C’est un de la Tuilière qui est venu exploiter, avec des paires de boeufs, des cougnes (par là haut, c’est des hachons, mais ça fait pareil) et des garçons au bout du manche.

Ils s’étaient campés dans un endroit: quand vous allez à Renaison, là où la route passe au plus haut, c’est le rez du Maujis, du nom de cet homme des bois. Bien sur, la route n’existait pas. Si vous voulez savoir comment c’était fait, allez y donc faire un tour ! même chose 120 ans après: un carnage…

Ce vent de tous les diables courrait aussi plus loin: à Coutansouze ils s’en rappellent! La forêt des Colettes s’est garnie de loges, et ça y chapoutait à tour de bras. Il y avait du fayard par terre en veux-tu, en voilà…

L’émigration temporaire des sabotiers dans le Cantal n’a-t-elle pas débutée à cette époque ? Et les Chabannais qui dans ce moment se sont comptés plus de 1000, n’étaient-ils pas retenus par un travail sur place gràce a une matière première bon marché ?

Après le vent ce fut la pluie, mais un déluge sur le massif Des moulins furent détruits, dont en partie, celui du Sayen, le chemin longeant le Gallant, emporté; une maison au Fouet bas, abattue…

C’est ce coup d’eau du jeudi 20 février 1879 qui a le plus marqué le monde de par là. Le bois ça repousse et la nature reprend sa place, les constructions, elles, sont à refaire, certaines resteront en ruines.

Alors, tempêtes, ouragans peut être, mais Delaire c’est quoi ? ça c’est un nom d’homme ! et celui-là habitait sur le chemin du Fouet à la Rivière Noire, tout en haut du hameau. Cette maison, bien sûr, n’existe plus, mais un dire a survécu. Simple légende. histoire possible, histoire vécue ? les trois emmêlées sans doute ! En tout cas, sur les deux pentes du massif on tient dit qu’un lien aurait existé entre ladite tempête et la mort de l’homme survenue dans ce moment.

Alors les jeunes. interrogez donc les aînés, tant qu’il en reste… et mettez vous ça dans la tête: pour tant qu’on soit savant, il y a encore bien des choses qu’on ne gouverne pas…

Robert Gay