Aurouer (village) qui es-tu  ?

Réflexions sur le sens du nom Rouére qui pourrait être Arrouére – Vê l’Aurrouére (avec un accent aiguë) ……. mot de langue locale, formé à partir de la désignation d’un lieu remarquable – Toponymie.

Vê = dans les environs de (ce lieu remarqué par la population locale), et qu’elle a désigné dans son langage du moment, le gallo-romain qui remonte à l’occupation romaine…

Essayons de raccrocher avec le français écrit actuel  : dans Arrouére, il y a une idée de roue, qu’on trouve dans Charroi et Arroi, mot ancien qui signifie une manière de voyager… Or, notre langue Gallo Romaine (Le patois) nomme la roue  : la roua avec le a léger qui exprime le féminin, remplacé en français par le e.

La Roua écrit en fançais est relu Roua, mais avec un a appuyé et on sait pourquoi, puisque Rouage, Routage etc. se prononce en a léger.

D’Arroua à Arroi (même phonétique) il n’y a qu’un pas, que par simplicité l’écriture a franchi  : Voyager en Arroua ou en Arroi = se déplacer sur roue.

Désarroi ou Desarroua  : perdre une roue au sens propre …

Actuellement utilisé pour définir un état psychique  : Désarroi … on le trouve encore plus expressif en argot  : Déjanté …

L’Arrouére serait donc une voie de circulation où l’on pourrait se déplacer sur roue …par opposition au portage à bât ou à monture, plus courants à l’époque  ; ce qui impliquerait un chemin assez large et entretenu.

Vê l’Arrouére  : auprès d’un chemin carrossable  ; une mauvaise relecture en a fait Aurouére puis Aurouer, la supression du e voulant indiquer le masculin, car on pense à un village.

Le mimétisme a pu jouer aussi en voulant copier d’autres Arrouer, qui existent forcément.Finalement, comme toujours, l’écrit, même survenu tard, l’emporte sur le parler … Ce terme pourrait avoir pris naissance lorsque le bâti s’est installé de part et d’autre de ce «  grand chemin  », à une époque indéterminée, mais dont la tradition se souvient … Auparavant, il se tenait autour du «  Chatchao  » encore actuellement «  Communau  » (bien sectional) indivis entre les habitants… D’ailleurs cette «  maison forte  » n’était – elle pas un poste de surveillance, établi dans l’intérêt de ce chemin … La pierre de réemploi, portant la croix Temphère n’est- elle pas un commencement de preuve  ?

Question : de quand dater cette réinstallantion villageoise  ? Qui consistait surtout dans l’aménagement d’une exploitation agricole, conduite par une communauté paysanne … Venait ensuite, s’agglutiner autour, différents artisans ou homme de peine, abritant leur famille dans les loges ou chaumines… Cette main-d’œuvre complémentaire était nécessaire pour la construction et l’entretien des bâtiments et outillages, surtout pour la rentrée des récoltes… Or, on était en régime féodal, le territoire dépendant d’une seigneurerie-celle de Beauchênes ou de St Clément, en l’occurrence… Le «  fonctionnement  » du chemin impliquait son entretien permanent, qui ne pouvait être assuré que par les riverains (au moyen de la Corvée). Par ailleurs un défrichement plus étendu s’avérait nécessaire, la population augmentant … Une meilleure sécurité publique, à partir du XVème siècle le rendait possible. D’avantage de bouches à nourrir le rendait indispensable. Ceci allait de pair avec la volonté Seigneuriale d’augmenter les revenus (impôts et fermages)… Nécessité faisant loi, car embellissements et constructions nouvelles étaient à la mode…A Moulins, certes, capitale du Duché, mais aussi localement  : le Château de Beauchênes-1510-plus modestement la «  bâchasse de Périasse  » qui ne pouvait qu’être un abreuvoir Seigneurial  ; voir l’aménagement du dit chemin, permettant de «  rouler carrosse  », faisait partie du programme de modernisation …

De plus, il y a eut à la fin du XVème siècle une situation particulière qui pût influencer l’organisation de Vê l’Arrouére et de son chemin … C’est que le jeune roi Charles VIII, régnant de 1483 à 1498, avait comme Chambellans et amis de jeunesse, deux Seigneurs locaux… Celui de Beauchênes, près de St Clément) et celui de Boissy, (plaine de Roanne) … La fréquentation de l’un à l’autre, ou de leurs gens, faisait d’Arrouére-comme de Périasse- un passage obligé, étant les seuls les seuls lieux habités sur ce versant Ouest… Justement, la «  bâchasse  » de Périasse, qui vu sa taille et son fini, est là pour montrer l’importance du passage … On peut déduire que, installée à l’époque, sur un terrain réservé (communal actuellement) où arrivait un petit ruisseau, elle participait à l’aménagement d’un lieu «  Halte-repos  », pour les équipages. D’autant qu’on trouvait à peu près l’identique sur le versant Est, au lieu «  La Berriche  »-l’Abbero-l’Abreuvoir…

Le XVème siècle peut donc être retenu, comme l’époque qui a vu le bâti s’installer à cet endroit. C’est en ces temps aussi, qu’on commença à attribuer un nom aux habitants, ceux-ci prenant automatiquement le nom de leur village … Arrouére … relu… Aurouére … etc …

Robert Gay

Décembre 2014